Le week-end du 13 au 15 octobre se déroulait la dernière manche du championnat d’Ultra 4 Europe en Grande-Bretagne à Kirton. Ce championnat comporte quatre manches à travers l’Europe, la première se déroule en France, la deuxième ainsi que la dernière en Grande Bretagne et la troisième au Portugal.
Dans ce championnat il y a plusieurs catégories allant du véhicule peu modifié jusqu’au prototype dédié à ces compétitions en passant même par les SSV. Il faut savoir qu’Antoine et Benoit roulent en Legend Class.
Le « KING OF BRITAIN », la course tout terrain la plus dure de Grande Bretagne comme le veut le slogan. Du fait que cette épreuve allie le franchissement d’obstacle tel des pierriers ou de la boue et la vitesse sur de grandes pistes pour relier ces franchissements, trouver son rythme et surtout le bon rythme est très difficile.
Déroulement du weekend de course
Le mercredi c’était le jour du trajet, nous avons roulé un peu plus de 600km en camion et effectué la traversée de la manche en bateau pour rejoindre Kirton.
Le jeudi tout le team effectuait le montage de l’infrastructure et le repérage du circuit à pied.
Parlons-en du circuit, la piste était vraiment très large et défoncée avec plusieurs choix de trajectoires, cela promettait du spectacle. Pour ce qui est de la longueur, elle n’était pas si grande, c’est pourquoi l’organisateur avait prévu quatre manches sur deux jours et de séparer la catégorie reine (Ultra) des plus petites catégories (Stock, Modified et legend, appelée every man challenge) comme à la course de Réno aux États-Unis.
Le vendredi, la course commence, nous réalisons le 6ème temps de notre catégorie en y allant calmement.
Les choses sérieuses commencent le samedi. Le matin nous démarrons 6ème dû au classement du jour précédent mais remontons directement de deux places dans les premières difficultés. Tout se passe bien jusqu’à ce que nous suivions le 105, un ex rallye-men cinquantenaire fougueux qui se trompe de direction et emprunte la voie des stands. En d’autres termes, nous sommes six couillons à faire un demi-tour de trop pour du beurre. Malgré cette erreur nous finissons la manche à la 2ème place mais le premier nous semble intouchable et un autre concurrent très rapide a eu un ennui sans quoi il serait certainement devant aussi.
Entre les manches nous nous posons une foule de questions. Est-ce la différence de puissance qui crée cet écart ? Car il faut savoir que les deux premiers ont 450CV contre nos 180. Est-ce que nos suspensions sont bien réglées ? … Bien sûr Eric et Luc Schmitz apportent leur analyse complémentaire grâce à un point de vue extérieur à la course.
Je propose deux ou trois autres choix de trajectoire à mon frère en pensant à ce que dirait notre cousin Jeff et son père Jean-Louis Goblet (enduriste et rallye-men de haut niveau).
Samedi après-midi nous démarrons 2ème mais nous nous faisons directement dépasser par un véhicule beaucoup plus puissant au départ et nous avons du mal à garder le contact avec lui. Nous soignons nos trajectoires, essayons différentes traces et améliorons nos temps. Hélas les deux premiers avait déjà fait le trou et nous entendons une légère fuite au turbo. Dans le sixième tour, alors que nous commençons à comprendre et à valider certains changements grâce à Luc qui nous donne les temps et les écarts en temps réel, le moteur s’emballe. Merde… Antoine cale le moteur avec une vitesse, il sort de la voiture et essaie de comprendre. « Le turbo est HS », me dit-il. Nous rentrons au ralenti jusqu’au stand et attendons que le premier franchisse le drapeau à damier pour finir la manche. Certes avec quelques tours de retard mais nous décrochons tout de même la 6ème place.
Nous rentrons au camion et analysons rapidement la situation après un lavage de la voiture. Heureusement nous avons un turbo de secours, Luc le remplace pendant qu’Eric fait la maintenance et examine les petits dégâts. Pendant ce temps, Antoine cherchait un câble de gaz que nous n’avons pas de rechange. Heureusement nous sommes dans le pays du Land Rover et juste à côté du circuit se trouve un « riquetteur », ferrailleur plein d’épaves de Defender et de Discovery !
Pendant ce temps-là je prépare l’apéro et le dîner, bouchées à la reine et croquettes, je me prends presque pour un grand chef mais qui ne fait que de suivre les instructions de sa petite femme.
J’ai oublié de vous dire que pour dépasser à un endroit où il n’y avait place que pour une voiture et demi, Antoine, de sa nature optimiste, a roulé dans un talus un peu trop incliné. De ce fait, notre voiture est partie en tonneau juste à côté du concurrent que nous dépassions et « heureusement » s’est appuyée contre celui-ci. (Ambiance Jean-Louis Goblet pour ceux qui connaisse).
Finalement le turbo n’a rien mais bien le joint, Luc remonte le tout, Eric change les pneus et Antoine revient avec un câble de gaz et le ferrailleur qui apparemment préfère les bières belges que l’argent.
Dimanche matin nous sommes chaud boulette et prêt à l’heure du timing. La seule chose bizarre c’est que nous sommes les seuls debouts avec nos amis français et hollandais. En faite tous les anglais avaient été prévenus d’un décalage du timing d’une heure. Merci l’organisation… Mais ce n’est pas grave, nous profitons de ce temps-là pour démonter le treuil arrière et la roue de secours dont nous n’avons pas besoin sur cette course.
Nous démarrons 6ème, remontons les concurrents un à un pour arriver au cul des deux leaders, nous faisons un tour derrière eux et analysons bien leurs faiblesses. Ils nous gênaient à tous les virages, du freinage jusqu’à la sortie où ils nous distancent à l’accélération. Nous arrivons dans une partie technique difficile, le premier choisit la plus belle trajectoire. Le second choisi instinctivement l’autre trace qui est moins facile. C’est à ce moment-là que nous plongeons dans le parechoc du premier et arrivons à passer in extrémis le second. Un demi-tour plus loin, là où j’avais entendu la voix de Jeff Goblet suggérer une autre trajectoire, nous faisons l’extérieur au premier grâce à cette trajectoire plus longue mais moins cassée. Celle-ci nous permet d’être mieux placés pour aborder le saut suivant et hop nous voilà premier. Il ne reste plus qu’à tenir deux tours, nous sommes dans notre bulle, hyper concentrés et Antoine se crache vraiment dans les mains pour arriver à un temps au tour de 8.01.678 ! Le journaliste Dion Den Braber écrit sur facebook : «Reulsport going fast as a rocket… »
Nous terminons bon premier de la manche avec 46 secondes d’avance sur le second ! J’en ai les larmes aux yeux et n’en revient pas de la fessée que nous venons d’infliger aux autres concurrents.
Nous analysons avec les deux frères Schmitz les différents paramètres de cette manche et les remercions une fois de plus pour leur aide lors de la conception du châssis dont nous mesurons encore bien plus l’importance.
La manche du dimanche après-midi ne fut qu’un récital de nos observations et améliorations du weekend. Nous démarrons donc premier sur la grille, j’entends dans mon casque les monstres de 450CV juste derrière nous. Le drapeau se baisse et c’est parti, gaz ! Nous n’arrivons pas à garder Dan Elias derrière nous, il nous passe grâce à sa puissance moteur. Ce n’est pas bien grave car nous savons que nous sommes plus rapides au tour. Effectivement sur un gros freinage nous le dépassons d’une demi-voiture et reprenons la tête de la course, nous passons donc les premiers dans les difficultés. Nous roulons encore fort durant deux tours puis Luc m’annonce à la radio que les autres baissent le rythme, nous n’avons plus qu’à gérer notre avance !
A l’arrivée, Dave Cole le créateur de l ULTRA4 USA et son homologue européen Richard Crossland viennent nous féliciter et nous remercier de notre participation.
Evidement c’est le déroulement idéal pour une course et elles ne se terminent pas toutes comme cela. Nous avions déjà une belle vitesse au King of Wales il y a six mois mais la mécanique en avait décidé autrement.
Nous sommes très motivés pour continuer notre prochaine voiture afin de pouvoir nous inscrire dans la grande catégorie et peux être un jour vivre de pareilles courses.
Retrouvez la vidéo ici !
Nous tenons à remercier, tous les gens qui rendent cette magnifique aventure possible :
Com-on, Bernard Breuer
Jee-bee ,jerome Demolin et Bruno Polizzotto
Nuckel tuckel, Jean Dumbruch
Visons X Europe ,Stéphane Durlet et Antonio Fiorani
Trekk4x4, Marc Van Den Bosch
Off road and more, Bart Verhoeven
Verviers Freins ,famille Vandeberg
Radflo Suspension, Ralf Helermann
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